Prévention « La santé mentale, c’est positif »

À l’occasion de la Semaine nationale de la santé mentale, le Mouvement Santé mentale Québec propose ceci : et si nous abordions cette question sous un angle positif ?

« Il faut remettre sur la carte que la santé mentale, c’est bon. Ce n’est pas la maladie. C’est comme si on parlait de santé physique et qu’on pensait immédiatement au cancer. La santé mentale, c’est devenu quelque chose de négatif dans la tête des gens », fait remarquer Renée Ouimet, directrice du Mouvement Santé mentale Québec.

Tout comme il est préférable de pratiquer 30 minutes d’activité physique, ou de manger des fruits et des légumes chaque jour, la bonne santé mentale se cultive, explique-t-elle. Pour y arriver, le Mouvement publie donc cette semaine « 7 astuces pour se recharger », une série de fiches-conseils pour garder l’équilibre.

Une batterie d’experts en santé mentale s’est penchée sur ce qui nous protège au quotidien : s’accepter, créer des liens, faire des découvertes, se ressourcer, agir… À travers ces axes, le grand public découvre des pistes très concrètes pour prendre soin de lui au quotidien.

« La santé mentale, par contre, ce n’est pas qu’une histoire individuelle, précise Mme Ouimet. On peut s’occuper de soi, donner un sens à sa vie, apprendre à reconnaître nos émotions, mais notre environnement va aussi influencer notre santé mentale. Par exemple, si on vit de l’intimidation, si on vit une situation de pauvreté, ou si on est dans un milieu de travail où il y a un stress permanent, ça peut avoir un impact sur notre santé mentale. »

La santé mentale au boulot

Parce que, plus spécifiquement, la santé mentale au travail est un enjeu sérieux, la Fondation de l’Institut universitaire en santé mentale a d’ailleurs lancé en avril la Chaire de recherche en santé mentale et travail. Le besoin est grand, souligne son titulaire, Marc Corbière. Dans le monde industrialisé, le tiers des absences au travail est lié à un problème de santé mentale.

La nouvelle Chaire s’intéresse aux personnes qui ont dû quitter un moment leur emploi, mais aussi à celles qui ont vécu en marge du marché du travail pour une raison de santé mentale. « Ce qu’on essaie de faire, c’est d’accompagner ces personnes-là dans leur retour au travail ou les aider à réintégrer le marché du travail », explique le chercheur.

« Imaginons une personne qui est restée absente un an, et qu’elle retourne à son poste de travail. Elle aura besoin de reconsolider sa confiance, parce que souvent, elle est discréditée. Un accueil chaleureux des collègues, des commentaires constructifs du supérieur immédiat… c’est certain que ça va aider au maintien à l’emploi », explique M. Corbière, aussi chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal et professeur à l’UQAM.

La Chaire souhaite aussi créer des outils pour les professionnels de la santé, et de façon plus pointue, elle s’intéresse enfin à la façon dont les employés divulguent leur état à leurs supérieurs. « Il faut faire attention à ce que l’on dit, souligne M. Corbière. En fait, ce qui est important, c’est de parler des aménagements dont on a besoin et pourquoi c’est important. L’employeur a besoin de concret. »

Dans l’immédiat, la Chaire offre plusieurs ressources gratuites pour les professionnels en santé mentale, mais le grand public aussi. « Un tiers des personnes qui ont une absence de maladie pour une dépression est toujours en congé après un an, ajoute le chercheur. Notre objectif, c’est de les aider à retourner au travail, et de s’y maintenir de façon durable et en santé. Les grands employeurs ont compris qu’il faut agir. »